1- Qu’est-ce que le cyberharcèlement ?
Le cyberharcèlement désigne toute forme de harcèlement exercé à travers des moyens de communication numériques : réseaux sociaux, messageries instantanées, forums, jeux en ligne, etc. Il peut prendre différentes formes, mais il a toujours un point commun : il vise à nuire à une personne, de façon répétée et intentionnelle, en exploitant la viralité et l’anonymat offerts par Internet.
Ce n’est pas parce que cela se passe en ligne que ce n’est « pas grave » : les conséquences psychologiques peuvent être aussi lourdes — voire plus — que dans la vie réelle.
2- Sous quelles formes peut-il apparaître ?
Le cyberharcèlement peut se manifester de différentes manières :
- Insultes, moqueries ou humiliations répétées (dans des commentaires, messages privés, stories, etc.)
- Diffusion de photos ou vidéos intimes sans consentement
- Usurpation d’identité pour tromper ou nuire à la réputation d’une personne
- Rumeurs et fausses informations partagées à grande échelle
- Menaces, chantage ou intimidation
- Harceler en groupe (raids numériques) : un groupe de personnes cible une victime avec des commentaires haineux ou violents
Stalking numérique : surveiller et traquer quelqu’un en ligne, de façon intrusive
3- Comment fonctionne le cyberharcèlement ?
Ce type de harcèlement repose sur plusieurs mécaniques bien connues :
- L’anonymat ou pseudo-anonymat qui donne aux auteurs une impression d’impunité
- La viralité : un contenu blessant peut être vu, partagé, et commenté par des milliers de personnes en quelques heures
- La permanence : les contenus humiliants restent accessibles longtemps et peuvent ressurgir à tout moment
- La banalisation sous couvert d’humour : certains jeunes harceleurs pensent « que c’est pour rire » et ne réalisent pas la gravité de leurs actes
4- Des solutions pour ne pas se noyer dans le flux
Selon une étude publiée par l’OMS en mars 2024, un jeune sur 6 signale avoir été harcelé sur Internet, entre 2018 et 2022. Cette étude, menée dans 44 pays et régions d’Europe et d’Asie centrale, révèle une tendance préoccupante : le harcèlement en ligne est en forte augmentation, en particulier chez les adolescents de 13 à 15 ans.
- 16 % des jeunes déclarent avoir été victimes de cyberharcèlement (messages blessants, moqueries, menaces…).
- 11 % reconnaissent avoir eux-mêmes harcelé quelqu’un en ligne – preuve que ce phénomène peut aussi concerner ceux qui n’en mesurent pas toujours la portée.
- Le cyberharcèlement est plus fréquent chez les filles, en particulier dans les environnements scolaires où la pression sociale est forte.
Dans les Balkans occidentaux, les chiffres exacts varient selon les pays, mais des enquêtes locales confirment que la tendance est similaire : les réseaux sociaux sont devenus un terrain de harcèlement quotidien pour de nombreux jeunes.
👉 Cette étude met en lumière l’urgence d’une éducation numérique à la fois pour les jeunes, les familles, les enseignant·es et les autorités. Mieux comprendre le phénomène, c’est déjà commencer à s’en protéger.
📚 Source : OMS/Europe – Un enfant sur 6 victime de cyberharcèlement
5- Quelles sanctions pour les auteurs de cyberharcèlement ?
Dans de nombreux pays européens, le cyberharcèlement est reconnu comme une infraction pénale, tout comme le harcèlement classique.
Au niveau européen :
- Le Digital Services Act (DSA), entré en vigueur en 2024, impose aux grandes plateformes de mieux modérer les contenus haineux et de faciliter le signalement. Les plateformes doivent réagir rapidement aux contenus illégaux.
- L’Union européenne promeut aussi une meilleure protection des mineur·es en ligne, y compris contre le harcèlement et la haine.
Dans les Balkans occidentaux :
Chaque pays a ses propres lois, mais la plupart se rapprochent progressivement des standards européens :
- En Serbie, le harcèlement, y compris en ligne, peut être poursuivi au titre des articles du Code pénal relatifs à l’atteinte à la dignité ou la menace.
- En Bosnie-Herzégovine, le harcèlement n’est pas encore défini spécifiquement dans tous les cantons, mais certains cas peuvent être jugés en tant que « mise en danger » ou « incitation à la haine ».
- En Albanie, la loi sur la cybersécurité (2020) aborde certains abus en ligne, mais les ONG réclament une définition plus claire du cyberharcèlement.
- Le Monténégro, la Macédoine du Nord et le Kosovo travaillent avec des organisations comme le Conseil de l’Europe pour harmoniser leur législation avec les normes de protection numérique.
Dans tous les cas, le dépôt de plainte est possible, et les victimes doivent être encouragées à faire valoir leurs droits.
6- Que faire si je suis victime ou témoin de cyberharcèlement ?
Tu n’es pas seul·e, et il existe des solutions.
Voici quelques étapes à suivre :
Si tu es victime :
- Ne réponds pas aux messages ou commentaires haineux
- Fais des captures d’écran des messages, profils, dates, contenus (preuve numérique importante)
- Bloque ou signale les comptes harceleurs sur la plateforme concernée
- Parle-en à un adulte de confiance, un·e enseignant·e, un parent ou un professionnel
- Contacte une organisation d’aide aux victimes, ou, dans certains cas, les forces de l’ordre
Si tu es témoin :
- Soutiens la victime : un simple message de solidarité peut faire une grande différence
- Signale le contenu ou l’auteur à la plateforme
- Ne partage pas les contenus blessants, même « pour montrer » : cela alimente la violence
- Propose ton aide : oriente la victime vers des personnes ressources ou des associations
Le cyberharcèlement n’est pas une fatalité. Mieux comprendre ses mécanismes, savoir réagir et agir collectivement peut faire toute la différence. En ligne aussi, chacun·e de nous a des droits, mais aussi des responsabilités.
Pour aller plus loin :
- Conseil de l’Europe – Cyberharcèlement et droits humains
- UNICEF – Ending cyberbullying
- Digital Services Act – Commission européenne
- EU Kids Online – Rapport sur les usages numériques dans les Balkans
- Better Internet for Kids – Ressources pour les jeunes