1- Qu’est-ce que le cybersexisme ?
Le cybersexisme désigne l’utilisation des technologies numériques pour cibler, harceler et abuser des individus en raison de leur sexe ou de leur identité de genre. Cela inclut des comportements comme les insultes sexistes, les menaces de violence sexuelle, le partage d’images intimes sans consentement, et la diffusion de contenus humiliants en ligne.
Il peut se manifester sous diverses formes, notamment :
- Être la cible d’insultes sur son corps ou de rumeurs sur sa vie amoureuse sur les réseaux sociaux (Instagram, Snapchat, Facebook, TikTok…)
- Recevoir des messages à caractère sexuel (sextos) qui mettent mal à l’aise
- La création d’un faux compte dans le but d’humilier quelqu’un·e
- La mise en ligne et la diffusion de photos ou vidéos intimes sans consentement, ou la menace de le faire…
Les filles sont plus nombreuses à être victimes de ces cyberviolences. On observe souvent deux phénomènes :
- le slut-shaming, qui consiste à blâmer et à déconsidérer une jeune fille dont l’apparence, la tenue vestimentaire, le maquillage, l’attitude voire les comportements amoureux et sexuels, qu’ils soient réels ou supposés, ne correspondent pas aux normes sexuées en vigueur dans leurs groupes d’appartenances.
- Le revenge-porn, qui consiste à diffuser des photos, vidéos ou images intimes d’une personne, souvent après une rupture ou un conflit, sans son consentement. L’objectif est de nuire à la réputation de la victime, de l’humilier, ou de lui faire du mal émotionnellement.
2- Pourquoi les filles sont-elles particulièrement touchées ?
En ligne comme hors ligne, les règles de représentation sont souvent plus strictes et plus codifiées pour les filles que pour les garçons. On retrouve ici les rôles basés sur des stéréotypes sexistes attribués aux filles et aux garçons dès l’enfance. Si les filles ne respectent pas ces codes, elles peuvent être cibles de violences.
Le cybersexisme est également lié à la notion de réputation qui cible spécifiquement les filles. Ces dernières sont souvent jugées sur leur comportement sexuel (réel ou non) ou sur leur physique (leur manière de s’habiller par exemple). Elles se voient attribuer une réputation (c’est à dire une étiquette péjorative et sexualisée) si elles s’éloignent de ces codes. En bref, les cyberviolences contribuent à contrôler la sexualité des jeunes femmes.
Un cybersexisme amplifié par d’autres discriminations
Le cybersexisme ne touche pas toutes les personnes de la même manière. Il peut se combiner à d’autres formes de discriminations comme le racisme, l’homophobie ou la transphobie, renforçant la violence des attaques en ligne.
Si les filles sont particulièrement ciblées, les garçons qui ne se conforment pas aux stéréotypes de la masculinité peuvent eux aussi subir des cyberviolences, souvent sous forme d’insultes homophobes. De manière générale, toutes les personnes qui sortent des normes dominantes – que ce soit en termes de genre ou d’orientation sexuelle – peuvent être prises pour cible.
3- Que faire si je suis victime ou témoin de cybersexisme ou de Revenge Porn ?
Si vous êtes victime de cybersexisme ou de revenge porn, voici quelques conseils à suivre pour vous protéger et obtenir de l’aide :
- Sachez que ce n’est pas de votre faute, vous n’avez pas à vous sentir coupable et aucun de vos actes ne justifie les cyberviolences. N’hésitez pas à en parler à quelqu’un de confiance.
- Ne supprimez pas les preuves : Prenez des captures d’écran, enregistrez les messages ou contenus abusifs, et gardez une trace des profils ou des comptes responsables de l’attaque.
- Signalez l’incident sur la plateforme : La plupart des réseaux sociaux et sites de partage ont des systèmes de signalement pour les abus et la diffusion de contenu non consensuel.
- Contactez les autorités locales : Le cybersexisme et le revenge porn sont souvent considérés comme des délits dans de nombreux pays. Il est important de signaler toute violation de vos droits à la police ou à une organisation de soutien aux victimes.
Cherchez un soutien psychologique et juridique : Envisagez de consulter un avocat spécialisé dans les violences en ligne et les droits numériques pour comprendre vos options légales. Un soutien psychologique peut également vous aider à gérer l’impact émotionnel du cyberharcèlement.
4- Les Sanctions Contre le Cybersexisme et le Revenge Porn
Dans la législation européenne, des lois ont été mises en place pour lutter contre ces phénomènes. Le Règlement général sur la protection des données (RGPD) garantit que les victimes d’abus numériques puissent demander la suppression de contenus non consensuels. Plusieurs pays européens, comme l’Allemagne, la France, et l’Espagne, ont déjà adopté des législations spécifiques pour combattre le revenge porn, imposant des peines de prison et des amendes substantielles à ceux qui partagent de telles images.
L’Union européenne a proposé des régulations plus strictes concernant les abus en ligne dans le cadre du Digital Services Act (DSA), qui inclut des dispositions contre le cybersexisme et la diffusion de contenu abusif. Ce règlement impose aux plateformes en ligne de retirer rapidement les contenus signalés et de renforcer les mécanismes de protection des utilisateurs.
Dans les Balkans, bien que des initiatives législatives commencent à émerger, il reste encore beaucoup à faire. En Serbie, en Bosnie-Herzégovine et au Monténégro, les lois sur la protection des droits numériques sont en développement, mais elles ne couvrent pas encore toujours les violences sexistes en ligne de manière spécifique. L’introduction de législations plus strictes et de protocoles de signalement plus efficaces serait une étape essentielle pour protéger les victimes dans cette région.
Sources :