Chaque jour, nous recevons des milliers de notifications, de messages, de vidéos, de posts et de liens. Cette surabondance d’informations, qu’on appelle infobésité, peut vite nous donner le tournis. À force de trop en voir, on finit par ne plus rien voir. Et quand tout se mélange – vraies infos, fake news, buzz, rumeurs, pubs – c’est le chaos informationnel. Alors, comment s’y retrouver ? Et surtout, comment reprendre le contrôle ?
1- Trop d’informations, pas assez de temps pour les traiter
Selon une étude menée par Statista en 2023, un·e internaute passe en moyenne 6 h 37 par jour sur Internet, dont plus de 2 heures sur les réseaux sociaux. Ce temps est saturé d’informations : certaines utiles, d’autres non. Résultat ? Notre cerveau est en surcharge. Il devient difficile de faire le tri, de hiérarchiser, de retenir. On scrolle, on lit en diagonale, on zappe.
🧠 Cette surcharge cognitive réduit notre capacité de concentration, de mémorisation, et même notre jugement critique.
2- Le chaos informationnel : quand tout se vaut… ou presque
Sur TikTok, Instagram, YouTube ou X (ex-Twitter), les contenus s’enchaînent sans hiérarchie. Une vidéo de chat, un témoignage de guerre, une pub pour un soda et une fake news politique peuvent apparaître côte à côte. Cette mise en scène de l’information, dictée par des algorithmes, crée une confusion permanente.
Les conséquences ?
- On confond facilement les sources fiables et douteuses
- Les émotions prennent le dessus sur l’analyse
- Les contenus les plus extrêmes ou sensationnels sont mis en avant
Ce phénomène est accentué par ce qu’on appelle la bulle de filtre : les plateformes nous montrent ce qu’on aime, ce avec quoi on est d’accord, ce qui nous fait réagir. Au lieu de nous ouvrir au monde, elles peuvent nous enfermer dans une vision biaisée.
3- Des impacts profonds sur la santé et la société
L’infobésité et le chaos informationnel ne sont pas de simples désagréments. Ils ont un impact réel sur notre vie quotidienne et notre santé mentale.
Cette captation permanente de l’attention n’est pas sans conséquences. Elle affecte la santé mentale et physique des jeunes : troubles du sommeil, baisse de la concentration, surcharge cognitive, anxiété, isolement social.
Selon une étude de l’OMS menée en 2022, 11 % des adolescents de 11 à 15 ans en Europe et Asie centrale montrent des signes d’usage problématique des réseaux sociaux. En Roumanie, ce taux atteint 22 %, et 17 % en Bulgarie. Ce comportement proche de l’addiction touche particulièrement les filles, et a un impact direct sur les résultats scolaires, la santé mentale et la vie sociale.
Mais ce n’est pas tout. Quand tout devient « information », on ne sait plus à quoi se fier. Dans ce brouillard, les théories du complot, les fake news ou les discours de haine trouvent un terrain fertile. Cela nourrit la désinformation, mais aussi la polarisation du débat public : les positions les plus extrêmes sont mises en avant, car elles génèrent le plus d’engagement.
4- Des solutions pour ne pas se noyer dans le flux
Pas question de fuir Internet ! Mais pour naviguer sans se perdre, on peut :
- Faire des pauses numériques : couper les notifs, fixer des temps sans écran
- Diversifier ses sources d’info : lire plusieurs médias, écouter différents points de vue
- Vérifier ce qu’on partage : une info étonnante ? Vérifie avant de liker
- Prendre le temps : tout ne se lit pas en 10 secondes. L’analyse demande un peu de recul
En parler autour de soi : discuter, débattre, ça aide à y voir plus clair
5- Vers une éducation à l’attention et à l’esprit critique
Face à l’infobésité, il ne suffit pas de « faire attention ». Il faut apprendre à faire attention. C’est tout l’enjeu de l’éducation aux médias et à l’information : comprendre comment circulent les infos, pourquoi certaines sont mises en avant, et comment on peut exercer son esprit critique.
Ce qu’il faut, c’est un cadre pour apprivoiser ce flux constant et parfois écrasant. Car oui, il est possible de reprendre le contrôle de son attention, de cultiver sa curiosité… et de faire le tri !
📚 Sources et références :
- Statista, Temps moyen passé sur Internet dans le monde en 2023
- Médias et éducation, Infobésité : comprendre le trop-plein d’information
- CNRS – La recherche, Quand le cerveau n’en peut plus : les effets de l’infobésité
- Claire Wardle (First Draft), Information Disorder: Toward an Interdisciplinary Framework
- Dominique Cardon, Culture numérique et désordre informationnel
World Health Organization (OMS), Health Behaviour in School-aged Children (HBSC) study, 2022