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1- Qu’est-ce que le biais d’ancrage ?

Le biais d’ancrage est un biais cognitif qui influence notre jugement en nous ancrant à une première information, qui sert de référence, et à partir de laquelle nous évaluons toutes les informations suivantes. En d’autres termes, l’ancrage est l’effet que produit un premier chiffre, une première estimation ou même une première impression qui détermine la manière dont nous allons évaluer les informations subséquentes, même si celles-ci sont en réalité très différentes.

Ce biais peut se produire à des échelles variées : de la négociation des prix à la prise de décisions complexes, le biais d’ancrage est omniprésent dans nos vies quotidiennes. Ce premier ancrage agit comme une sorte de point de référence, et notre perception est souvent influencée de manière disproportionnée par cette première information.

2- Pourquoi ce biais existe-t-il ?

Le biais d’ancrage est une stratégie cognitive naturelle. Notre cerveau aime utiliser des points de repère pour simplifier la prise de décision. Il se base souvent sur des informations initiales pour prendre des décisions rapides. Cela réduit la charge cognitive en permettant de se concentrer sur des éléments déjà connus, plutôt que de repartir de zéro pour chaque situation nouvelle.

Le problème réside dans le fait que ce premier élément peut être complètement irrationnel ou non pertinent. Malgré cela, il influence profondément notre jugement et notre évaluation des informations qui suivent.

Exemples de biais d’ancrage dans la vie quotidienne

– Négociation des prix : Lorsqu’un vendeur commence par proposer un prix élevé, cet « ancrage » influence la manière dont nous percevons le prix réel du produit. Par exemple, un objet marqué à 100 € mais vendu à 70 € semble bien moins cher qu’un objet qui serait marqué directement à 70 €, même si ces deux objets valent exactement le même prix.

– Décisions de consommation : Imaginons que vous voyiez une robe à 200 €, puis que vous en voyez une autre à 100 €. Le prix de la robe à 100 € peut vous sembler raisonnable en comparaison, même si elle reste trop chère par rapport à votre budget initial. L’ancrage ici est l’étiquette de 200 €.

Évaluations salariales : Lors d’un entretien d’embauche, si l’employeur commence par proposer un salaire plus élevé que celui que vous espériez, il est possible que vous acceptiez plus facilement une offre moins avantageuse qu’un salaire qui aurait été proposé sans ce point d’ancrage.

3- Le biais d’ancrage et fake news

Dans le contexte des fake news, le biais d’ancrage joue un rôle crucial. Lorsque les individus sont en état d’incertitude, ils cherchent un ancrage cognitif, même absurde (un élément totalement hasardeux peut influencer leur réponse).

Lors de crises sanitaires, comme celle de la COVID-19, certaines informations erronées sur les origines du virus ou les traitements non prouvés (comme l’hydroxychloroquine) agissent comme un ancrage initial qui influence la perception des individus. Une personne qui est exposée à une fausse information en début de pandémie, comme la suggestion que le virus a été « fabriqué » intentionnellement, sera plus encline à accepter d’autres théories qui confortent cette vision.

4- Le Biais d’Ancrage et l’IA

Le biais d’ancrage peut aussi se manifester dans les interactions avec l’IA. Lorsqu’un modèle d’IA fournit une première réponse, elle devient une « ancre » qui influence les décisions ultérieures. L’utilisateur peut alors avoir tendance à se concentrer sur cette première option et ignorer d’autres solutions possibles, même si elles sont plus pertinentes.

Ce phénomène est renforcé par des facteurs comme le manque de temps ou la surcharge d’informations, qui empêchent souvent de réévaluer la réponse initiale. Une étude a montré que lorsque les gens prennent plus de temps pour réfléchir aux réponses fournies par l’IA, ils ajustent mieux leurs décisions, réduisant ainsi l’impact du biais d’ancrage.

Ainsi, pour éviter que l’IA n’influence trop fortement la prise de décision, il est crucial de comparer plusieurs options et d’éviter de se fixer sur la première réponse donnée.

5- Comment limiter l’impact du biais d’ancrage ?

Il existe plusieurs stratégies pour atténuer l’impact du biais d’ancrage et prendre des décisions plus équilibrées :

– Reconnaître le biais : Être conscient de l’existence du biais d’ancrage est la première étape pour limiter son influence. Lorsqu’une première information semble influencer démesurément votre jugement, il est important de se poser et de réévaluer la situation.

– Examinez plusieurs points de vue : Pour éviter de se laisser emprisonner par un ancrage, il est essentiel de rechercher activement des informations alternatives ou de reformuler la question à partir de plusieurs angles.

– Retarder la prise de décision : Si possible, attendez avant de prendre une décision importante. Le temps permet souvent de remettre en question les premiers éléments d’information qui ont agi comme des ancres.

– Utiliser des contre-ancres : Essayer de proposer une information ou une estimation opposée à l’ancre initiale afin de rééquilibrer le jugement. Par exemple, si un vendeur commence par proposer un prix élevé, demander systématiquement une estimation alternative ou explorer d’autres options.

Le biais d’ancrage est une force puissante qui influence de manière subtile mais significative nos décisions. Qu’il s’agisse de prix, de décisions politiques ou même de simples jugements quotidiens, cette tendance à se fixer sur la première information peut avoir un impact considérable. En étant conscients de ce biais et en cherchant activement à l’atténuer, nous pouvons prendre des décisions plus éclairées et moins influencées par des points de repère initiaux potentiellement trompeurs.