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Les réseaux sociaux sont devenus des outils incontournables pour diffuser l’information, mais ils sont également des vecteurs puissants de désinformation. Si ces plateformes offrent un accès instantané à une quantité impressionnante de contenus, elles permettent aussi à des informations erronées de se propager à une vitesse fulgurante. Les fake news, en particulier, se diffusent plus facilement et plus rapidement que les informations vérifiées, et cela a des conséquences importantes sur la manière dont nous percevons la réalité.

1- Fake news et viralité : un problème amplifié par les algorithmes

En 2021, une étude menée par NewsGuard a révélé qu’une vidéo sur cinq sur TikTok contenait des informations erronées, souvent liées à des sujets sensibles comme la pandémie de Covid-19 ou la guerre en Ukraine. Sur ces plateformes, ce ne sont pas tant les faits qui comptent, mais la capacité d’un contenu à générer de l’attention. Le critère principal de mise en avant des publications est la viralité, c’est-à-dire la rapidité avec laquelle un contenu se répand à travers les utilisateurs. Les algorithmes privilégient ainsi des contenus qui suscitent des émotions fortes : débats enflammés, buzz, voire clashs.

Une information fausse a 70% de plus de chances d’être propagée qu’un information vérifiée.

Une autre étude menée par des chercheurs du MIT en 2018 a révélé que les informations fausses se propagent plus rapidement et plus largement que les véritables nouvelles sur Twitter. L’étude a analysé plus de 126 000 nouvelles diffusées sur la plateforme entre 2006 et 2017, relayées par 3 millions de personnes plus de 4,5 millions de fois. Le résultat est frappant : les fake news ont un taux de propagation 70 % plus élevé que les informations vérifiées. Ce phénomène s’explique par le fait que les contenus sensationnalistes et émotionnellement chargés génèrent plus de réactions et, par conséquent, sont davantage partagés.

2- Pourquoi les fake news se propagent-elles si vite ?

Les chercheurs ont également constaté que les fausses informations étaient davantage retweetées que les informations vérifiées. Ce phénomène a été particulièrement observé dans le domaine politique, où des fake news sur des candidats ou des événements électoraux ont rapidement gagné en popularité. L’étude souligne également que les fake news politiques se propagent trois fois plus vite que celles concernant des sujets comme le terrorisme, les catastrophes naturelles, ou les sciences.

Une autre explication de cette propagation rapide réside dans le comportement humain. Les chercheurs ont exclu les retweets automatisés effectués par des bots pour se concentrer sur les comportements des utilisateurs humains. Le résultat a montré que ce sont bien les humains qui participent activement à la diffusion des fake news, et non les robots.

Le mécanisme de propagation s’explique en partie par notre tendance à être attiré par ce qui est nouveau. Les fausses informations, qui sont souvent perçues comme des nouveautés surprenantes ou choquantes, exploitent des émotions puissantes comme la peur, la surprise ou le dégoût, ce qui les rend plus susceptibles de susciter des réactions et d’être partagées.

Les chercheurs affirment que cette attraction pour la nouveauté et l’émotion est un facteur clé dans la propagation des fake news.

3- La polarisation des opinions et effritement de la confiance

La rapidité avec laquelle les fake news se propagent peut avoir des conséquences profondes. En amplifiant des informations erronées, elles contribuent à la polarisation des opinions, creusant les divisions sociales et idéologiques.  Elles érodent également la confiance dans les médias traditionnels et dans les institutions, créant un environnement propice à la méfiance généralisée. Dans certains contextes, cette dynamique peut même mettre en péril la stabilité sociale et politique des sociétés.

En août 2022, une rumeur infondée a circulé sur les réseaux sociaux, affirmant qu’une guerre avait éclaté entre le Kosovo et la Serbie. Cette désinformation est survenue après que des Serbes du Kosovo aient érigé des barricades pour protester contre une nouvelle réglementation sur les plaques d’immatriculation. Des comptes Twitter ont partagé massivement ces fausses informations, provoquant une panique généralisée. Des personnalités publiques, comme le député ukrainien Oleksiy Goncharenko, ont amplifié ces rumeurs, contribuant à la confusion et à la méfiance entre les communautés concernées.

https://balkaninsight.com/2022/08/01/social-media-disinformation-spreads-panic-about-kosovo-serbia-war/

4- Vers une régulation nécessaire ?

La viralité des fake news sur les réseaux sociaux représente un défi majeur pour la société moderne. Pour restaurer la confiance dans l’information et limiter les effets de cette viralité, il devient urgent d’instaurer des mécanismes de régulation qui responsabilisent à la fois les plateformes et les utilisateurs. Mais cela nécessite avant tout une prise de conscience collective et une éducation aux médias, afin que chacun puisse devenir un acteur éclairé et critique dans la gestion de l’information numérique.

 

Source étude  : Vosoughi, S., Roy, D., & Aral, S. (2018). The spread of true and false news online. Science, 359(6380), 1146-1151. DOI: 10.1126/science.aap9559