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Le 3 mai 2024, à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, Reporters sans frontières (RSF) a publié son rapport annuel, mettant en lumière une dégradation globale de la situation. Cette édition souligne une protection insuffisante du journalisme par les États et une augmentation des attaques contre la liberté d’information.

Un contexte politique de plus en plus hostile

Parmi les cinq indicateurs de l’indice RSF, c’est le « contexte politique » qui enregistre la plus forte baisse en 2024, avec une chute globale de 7,6 points. Alors que la moitié de la population mondiale est appelée aux urnes cette année, RSF alerte sur le recul de la responsabilisation des États et l’instrumentalisation des médias dans des campagnes de désinformation et de harcèlement.

En Europe de l’Est et en Asie centrale, la censure des médias s’intensifie, reprenant des méthodes de répression inspirées du modèle russe. La Biélorussie (167e), la Russie (162e), l’Azerbaïdjan (164e) ou encore le Kirghizstan (120e) figurent parmi les pays où la situation s’aggrave. En Europe, la Hongrie, Malte et la Grèce sont également pointées du doigt.

L’essor de la désinformation et des deepfakes

La désinformation s’intensifie avec l’utilisation croissante de l’intelligence artificielle générative. Un exemple marquant est l’affaire Monika Todova en Slovaquie, victime d’un deepfake audio avant les élections législatives, contribuant à la propagation de fausses informations prorusses.

Dans plus des trois quarts des pays, les acteurs politiques participent activement à des campagnes de propagande et de désinformation, et dans 31 pays, cette implication est jugée « systématique ».

La liberté de la presse dans les Balkans

Dans les Balkans, la situation de la liberté de la presse reste préoccupante, bien que contrastée selon les pays.

  • Albanie : La liberté de la presse est entravée par la concentration des médias et les pressions politiques. Les journalistes critiques font face à des menaces et des intimidations.
  • Bosnie-Herzégovine : Les divisions politiques et ethniques influencent les médias, qui sont souvent utilisés comme outils de propagande. Les attaques contre les journalistes sont en augmentation.
  • Monténégro : Si la presse privée joue un rôle important, les pressions gouvernementales et les attaques physiques contre des journalistes restent une réalité.
  • Kosovo : La situation est plus favorable, mais les journalistes sont parfois victimes de menaces lorsqu’ils enquêtent sur la corruption ou les crimes de guerre.
  • Serbie : La liberté de la presse s’est détériorée ces dernières années, avec une concentration des médias sous le contrôle d’intérêts proches du pouvoir et une forte autocensure.
  • Macédoine du Nord : Bien que des progrès aient été réalisés, les ingérences politiques et la diffamation contre les journalistes restent des problèmes persistants.

Classement mondial : une liberté de la presse sous tension

Sur les 180 pays évalués par RSF, 36 sont classés dans la pire catégorie (« très grave »), 49 en « situation difficile » et 50 en « situation problématique ». Seuls 52 pays sont considérés comme ayant une liberté de la presse « bonne » ou « plutôt bonne ».

Les pays nordiques dominent le classement avec la Norvège, le Danemark, la Suède, la Finlande et les Pays-Bas en tête. À l’opposé, les pays où la presse est la plus réprimée sont l’Afghanistan (-44 places au niveau politique), qui sous le régime des talibans, continue de restreindre drastiquement le journalisme, la Syrie et enfin l’Érythrée.

Comment évaluer la fiabilité d’une source ?

Pour déterminer si une source est fiable, un journaliste doit se poser plusieurs questions :

  • Qui est l’auteur ? L’information provient-elle d’un expert reconnu ou d’une personne non qualifiée ?
  • Quelle est la date de publication ? Une information ancienne peut être obsolète.
  • Quel est le média ou l’organisation qui publie l’information ? Certains médias ont des lignes éditoriales influencées par des intérêts politiques ou économiques.
  • La source a-t-elle des conflits d’intérêts ? Une entreprise qui finance une étude sur son propre produit peut orienter les résultats.

Un enjeu majeur pour la démocratie

Dans ce contexte, RSF appelle à une mobilisation accrue pour protéger l’indépendance des médias et garantir le droit à l’information. Avec les avancées technologiques et la multiplication des campagnes de désinformation, la liberté de la presse demeure un pilier essentiel de la démocratie.

Lien vers la carte interactive RSF : https://rsf.org/fr/classement