Depuis qu’on passe autant de temps en ligne, nos façons de parler, de débattre, de rigoler (et parfois de se disputer) ont beaucoup changé. Sur Internet, on peut dire ce qu’on pense, partager nos opinions, créer des liens… mais aussi insulter, harceler ou se moquer sans retenue. Cette dynamique soulève une question essentielle : Internet nous a-t-il rendus plus méchants ou a-t-il simplement mis en lumière des tendances déjà présentes dans la société ?
1- Derrière l’écran, plus rien ne retient ?
L’une des grandes différences avec la « vraie vie », c’est qu’en ligne, on peut souvent rester anonyme. Pas besoin de montrer son visage, ni son vrai nom. Du coup, certains se sentent libres de dire n’importe quoi, même des choses blessantes ou choquantes, parce qu’ils pensent qu’ils ne risquent rien.
Une étude menée par le psychologue John Suler en 2004, intitulée « L’effet disinhibiteur de l’Internet », a montré que l’anonymat en ligne permet à certaines personnes de relâcher les inhibitions sociales qui existent dans des interactions en face à face. Sans la pression sociale immédiate, les utilisateurs se sentent moins responsables de leurs actes, ce qui peut entraîner des comportements agressifs, voire cruels. Le sentiment d’impunité, associé à l’absence de répercussions immédiates, semble en effet exacerber ce côté moins bienveillant de certains individus.
2- Les trolls, le harcèlement et la haine en ligne
Les comportements de harcèlement, souvent qualifiés de cyberharcèlement, se sont intensifiés avec l’expansion des plateformes numériques. Le fait de pouvoir attaquer quelqu’un sans risquer une confrontation physique ni même des représailles sociales a facilité la propagation de discours haineux et de messages violents.
Par exemple, les trolls, qui cherchent juste à énerver les autres ou à créer des disputes. Ou le cyberharcèlement, quand une personne se fait insulter, humilier ou menacer à répétition en ligne.
Ce genre de violence peut avoir de vraies conséquences : perte de confiance, stress, isolement, voire pire. Ce n’est pas « juste des mots sur un écran » : ce sont des attaques qui touchent des gens réels.
3- Est-ce Internet le problème, ou ce qu’on en fait ?
Attention, Internet n’est pas méchant en soi. Il a également été un outil de mobilisation, de solidarité et de création. Des mouvements sociaux ont émergé, des causes ont été portées à la connaissance du grand public, et des communautés ont trouvé un lieu d’expression. Dans un sens, Internet permet à des individus de faire entendre des voix qui auraient pu être étouffées ailleurs.
Le problème n’est donc pas le web en soi, mais plutôt la manière dont certaines personnes l’utilisent.
4- Alors, on fait quoi ?
Les plateformes doivent-elles renforcer leurs contrôles et modérer plus activement les contenus ? Faut-il privilégier une approche éducative pour rappeler à chaque internaute sa responsabilité dans ses interactions en ligne ?
De nombreuses voix s’élèvent pour appeler à une régulation plus stricte des discours haineux sur Internet, afin de lutter contre la propagation de la haine tout en préservant la liberté d’expression. Des lois sur la diffamation et la haine en ligne ont été mises en place dans de nombreux pays, mais l’application de ces normes reste complexe.
Alors, Internet nous a-t-il rendus plus méchants ? Pas forcément. En fin de compte, la manière dont nous interagissons sur Internet reflète souvent la société dans son ensemble, avec ses forces et ses faiblesses, ses progrès et ses dérives.